Le quotidien Le Monde consacre une page entière de son numéro daté du vendredi 6 avril 2012 au trafic de cornes de rhinocéros.
"Si un jour je devais me reconvertir, plaisante un enquêteur, je ne me lancerais pas dans le braquage des banques mais dans le trafic despèces ou de pesticides. Car je gagnerais autant d'argent en prenant moins de risque et en encourant des peines plus faibles".
Les trafiquants ont visiblement compris cela depuis longtemps. La demande asiatique en pharmacopée à base de corne de rhino ou yemenite en poignard à manche en corne a explosé depuis quelques années, ce qui conduit les gardes de parcs africains et les propriétaires de réserves de chasse sud-africaines à surveiller jour et nuit leurs animaux voire à leur couper les cornes après les avoir endormis.
Jusque là, hélas, rien de bien nouveau. Mais Le Monde explique que le phénomène de la "mafia du rhino" s'est tellement étendu que trois cibles inattendues ont été identifiées.
L'article du journal commence en effet par ces lignes :
"Cette nuit, comme toutes les nuits depuis l'automne 2011, Brigitte, Dalila et Easy Boy, les trois vieux rhinocéros de Thoiry (Yvelines) dormiront sous les toits, dans un enclos surveillé".
Eh oui, l'appât du gain peut être si fort que certains n'hésiteraient pas à abattre les rhinocéros de zoos pour leur voler leurs cornes...
Deuxième cible : les salles des ventes. Les cornes de rhino qui sont parfois proposées sont toujours anciennes et pourvues du certificat CITES qui atteste que la vente peut être faite en toute légalité. Mais récemment, une salle des ventes annonçait qu'elle pouvait montrer des photos de ces cornes mais qu'elles ne seraient pas exposées par crainte de vol. Un kilo de corne se vendrait plusieurs dizaines de milliers d'Euros.
Divers gangs, dont un composé de gens du voyage d'origine celte, sévissant en France, Irlande, Royaume-Uni, etc. ont été arrêtés. Des pistes pour mettre fin au massacre, tel l'élevage de rhinocéros, dont la corne pousse d'environ 1 cm par an, sont évoquées. Mais la seule façon de tarir ce trafic, qui entraîne en Afrique du Sud l'abattage illégale d'environ 2 rhino par jour, est de tarir le besoin de consommation, ce qui est difficile tant la croyance dans les vertus de ce qui n'est finalement qu'un agglomérat de kératine, comme les ongles et les cheveux, est ancrée dans les esprits en Asie. D'autant plus que certaines déclarations ont eu un grand retentissement : ainsi d'un homme politique vietnamien qui a déclaré en 2009 avoir été guéri d'un cancer généralisé grâce à des décoctions de poudre de rhino...
Troisième cible des voleurs, encore plus inattendue : les musées. Les rhino naturalisés se font en effet dérober leurs cornes. A tel point que les Conservateurs remplacent préventivement les appendices de leurs pensionnaires par des imitations plus ou moins bien faites. Celles du Muséum d'histoire naturelle de Paris sont paraît-il de vraies oeuvres d'art, confondantes de resemblance.