Il y a environ un mois, je vous présentais ma dernière création : les éléphantes d'Afrique (actuellement en cours de fonte). Deux grands pachydermes accompagnés d'un éléphanteau s'abreuvaient près d'une mare. L'ensemble était d'assez grande taille : 42 cm de long x 30 cm de haut x 40 cm de profondeur.
Cette pièce est en fait la première partie d'un ensemble imaginé une nuit et dont le pendant est maintenant prêt à être porté à la fonderie : les éléphantes d'Asie au zoo. Même composition : deux mères et un éléphanteau déjà grand. Mais cette fois, elles sont captives.
Visiblement, elles sont concentrées sur les visiteurs qui leur jettent du pain. L'une d'elles, les pattes arrières croisées, lève la trompe pour quêter une friandise tandis que l'autre a obtenu ce qu'elle attendait, mais le quignon de pain a été lancé trop loin, sous ses pattes, et elle doit le chercher avec sa trompe, beaucoup plus utile que ses petits yeux myopes. Le petit prend des risques et, faisant contrepoids avec son gros postérieur, les pattes arrières repliées, en tension, il s'est avancé tout au bord du mur ; on se demande si, emporté par sa gourmandise, il ne va pas tomber.
Les éléphantes d'Asie sont bien différentes de leurs cousines africaines : dos rond, petites oreilles, 5 ongles aux pattes avant et quatre aux pattes arrières (contre 4 et 3 pour l'Afrique), absence de défenses et ces deux curieuses bosses sur le crâne. Leur bouche semble également s'ouvrir plus largement, leur donnant toujours l'air de rigoler. Enfin, le bout de la trompe a une section triangulaire, avec un seul doigt, alors que la trompe des éléphants d'Afrique forme une pince à deux doigts.
J'ai réalisé ces deux grands ensembles de mémoire, ne me laissant pas influencer, contraindre même, par des photos. Et curieusement, pour ces animaux d'Asie, c'est l'éléphanteau qui m'a donné le plus de difficultés alors que l'éléphante en mouvement a été très vite réalisée. J'en ignore la raison.
Je pense que mon inspiration a néanmoins été nourrie par une petite reproduction, accrochée dans mon atelier, d'un tableau du peintre Albert Brenet (1903-2005) que j'aime beaucoup et dont je parlerai bientôt sur ce site.
Et j'ai découvert également, en regardant d'autres croquis de Brenet (ci-dessous), quelques points communs avec mes pachydermes.
En faisant les éléphantes d'Asie, j'étais hanté par une question : peut-on encore modeler des éléphants au zoo après les chefs-d'oeuvre de Rembrandt Bugatti (1884-1916), dont son fameux "Il y arrivera !", tant il semble avoir par son génie avoir épuisé le sujet.
Rembrandt Bugatti - Eléphant blanc (Musée de Rennes)
Rembrandt Bugatti - "Il y arrivera !"
Mais heureusement, je n'ai pas essayé de copier cet immense artiste et mes proboscidiens sont bien différents, ce qui permet d'éviter une comparaison qui m'aurait fait trop de mal !
Quelques améliorations seront faites sur le bronze : les queues seront plus fines, bien sûr, et la trompe de l'éléphanteau sera probablement plus courbe.
Mon souhait le plus vif pour ces deux groupes d'éléphants est qu'ils soient vendus ensemble, en pendant l'un de l'autre.